Il y a un an nous sommes nés.
Histoire d'une renaissance. Des montagnes andalouses à Barcelone.
19 février.
C’était il y a un an.
Rien qu’à poser ses mots, mon cœur se serre. Comme s’il savait bien mieux que quiconque ce que cela représente.
Il y a un an, nous posions nos valises à Barcelone, pour le 3 ème fois.
3 fois en 8 ans.
Cela semble incohérent. On ne comprend d’ailleurs pas pourquoi tous ces mouvements.
Et pourtant ils sont là. Bel et bien là, comme des chapitres de Vie qui se déroulent sous nos yeux pour nous raconter la complexité de l’expérience humaine.
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Il y a un an, notre ami Alex nous recevait dans son studio touristique en plein quartier du Born.
Il nous le louait le temps pour nous, de re-trouver un « vrai » chez nous.
Un lieu où l’Amour aurait sa chambre. Un lieu où les cartons pourraient être sortis du box. Un lieu où l’on pourrait se projeter, un peu plus que seulement quelques mois.
Et c’est dans ces 27m carrés, au 7 ème étage sans ascenseur, que nous revenons à Barcelone. Perchés sur les toits, bercés par le soleil du quotidien, à l’écoute des touristes qui déambules et à deux pas de la plage pour que l’on se rappelle combien elle nous avait manquée.
Oui, voilà.
C’était il y a un an. C’était hier. C’était il y a une Vie.
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Ce retour était teinté d’une joie modérée. D’une euphorie du “nouveau” et d’une mélancolie de “l’avorté”.
D’une envie d’être là car il n’y avait d’autre réponse à nos questions.
Il n’y avait d’autre endroit dans lequel Être.
Il n’y avait que Barcelone. Quelque soit le nom de la rue. Quelque soit le nombre d’étages. Quelques soit le nombre de mètres carrés.
Barcelone s’était imposée comme étant notre refuge.
Refuge pour l’enfant qui perd ce qu’il croyait être son repère. Refuge pour l’adulte qui comprend que le rêve n’est pas toujours accessible.
Non, le rêve n’est pas toujours accessible. Cessons de croire ce que l’on voit sur Instagram, ce n’est pas vrai. Car cela impliquerait que nous soyons prêts à tout. Nous ne sommes jamais prêts à tout. Jamais.
Car, il y a un an, nous revenons de notre rêve. Nous revenons de cette dés-illusion que nous ne comprenons pas encore bien à ce moment-là. Nous revenons des ces montagnes qui disaient que tout était là et que nous vivions notre idille.
Mais nous revenions surtout d’une expérience qui ne pouvait être réelle.
Car le rêve n’est pas réel. Jamais.
Je cesse alors de croire en mes rêves. Je ne construis plus que des désirs.
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Il y a un an, lorsque nous montons ces 7 étages à pieds, que le vélo pèse trop lourd, que l’Enfant fait des miracles de ces petites jambes de 4 ans et demi; c’est comme si nous revenions au centre de nous-mêmes pour observer ce qui nous a été montré.
Nous revenons dans ce que nous avions quitté car nous n’en voulions plus et qui pourtant s’est imposé à nous comme étant la seule vraie étape pour nous mettre en sécurité.
Car nous nous sommes sentis en danger.
Le temps passe et édulcore tout le vécu. Croyez-moi.
Mais nous nous sommes sentis en danger. En danger face à l’Autre. Face à ce qu’il représente de plus noir dans la race humaine et dans ses dérives. Dans cette manipulation de l’égo et dans cette croyance que l’herbe est plus verte ailleurs.
Mais nous nous sommes aussi sentis forts.
Forts dans notre relation à nous-mêmes. A ce cocon que l’on construit tous les 3. A ce couple que nous formons. A cette famille que nous sommes.
Face à la perte d’équilibre de l’environnement, nous nous voyons, imperturbables, unis, et fières. Cette expérience nous parle de ça.
De ce que le couple, la relation parent/enfant peut représenter face au chaos environnant. Du pilier que deviennent ces concepts sociaux. De cette énergie de Vie qui unit ce qui a la volonté de grandir ensemble.
C’était ça, il y a un an. Je ne le savais pas.
Je sentais juste que quelque chose d’immense nous était arrivé. Que je pourrai d’ailleurs peut-être le partager à travers 10 minutes de podcast. Je n’ai jamais réussi.
Il me faudrait une Vie pour le dire.
Une vie oui.
Mais je n’ai pas envie de le dire toute la Vie.
Cela n’a pas d’intérêt car l’expérience est la nôtre et ne pourra jamais réellement faire écho avec la vôtre. Vous ne saurez jamais. Et c’est ok.
Comme une mort et une naissance. Une douleur de ce genre. Voilà ce que je sais partager aujourd’hui.
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Il y a un an nous sommes nés. A nouveau. Sans être réellement préparés à le faire. Mais sachant qu’il n’y avait pas d’autre choix possible et qu’il nous était demandé de faire confiance.
Il y avait la joie et l’excitation. Teintées de tristesse et d’amertume. Tout est toujours là. Car les ruptures de Vie se soignent par la caresse du temps qui passe, par la tendresse de notre propre présence.
Merci Barcelona d’être toujours notre port d’attache. Nous te quitterons peut-être encore. Je ne sais pas pour où. Je sais que tu es comme une vieille amie à qui je n’arrive jamais à dire au revoir alors que nos chemins sont si différents. Tu es mon refuge. Toujours et encore. Un jour, tu seras un admirable souvenir, une étreinte nostalgique et amour. Ou alors resteras-tu mon foyer, mon chez-moi, l’utérus de ma Vie.
Laissons le temps aux expériences d’être vécues, intégrées et comprises. C’est ainsi que nous devenons Sages et Sachants.
Tendrement,
Je n’ai pas les mots comme tu arrives à les poser… juste Wahou quelle expérience et quelle « leçon » 🙏🏼✨
Magnifique témoignage ! Félicitations de se laisser en confiance face à la vie 🌸