Photo Guilhem Guinot
11 juin 2024
Ce matin, je me suis mise en colère.
Pas en colère contre quelqu’un mais en colère contre un concept.
Une proposition. Un enfermement.
Cela n’était pas prévu. Cela n’était pas même attendu.
Comme une autorisation qui se glisse dans le creux subtile de mes mots.
Ces mots qui s’entremêlent et racontent combien je ne désire plus ce monde algorithmique. Combien il nous possède. Combien il nous dévore.
Je parle à ces deux femmes.
Marta venait de nous raconter qu’elle s’efforçait de créer via l’algorithme. Que c’était l’année dernière.
Je vois qu’elle ne veut pas. Que sa voix dit oui autant que son corps s’y refuse.
Et Carmen ne me comprend pas. Elle me raconte que notre exercice est peut-être tout simplement de reprendre le pouvoir que nous avons cédé. De ne plus être dévorés mais d’user. Que l’algorithme soit un outil. Pas que nous soyons le sien.
Mais la colère.
Une colère pleine de sourires. Une colère qui jaillit du profond et qui entend tellement ce que mes voisines me disent et ce qu’elles ne me disent pas.
Une colère qui se teint d’une excitation profonde et sincère. D’une envie de changement qui naît il y a bien longtemps mais qui n’a jamais su grandir. Et cette joie, cette excitation qui salue la colère, lui dit, tu as raison, maintenant je suis là pour t’aider car j’ai un plan, une idée.
Sentez-vous ça ?
Sentez-vous ces moments de votre Vie où un projet prend la forme que vous attendiez depuis si longtemps ? L’excitation presque enfantine de la possibilité qui s’offre à soi. De la lumière qui pénètre les profondeurs du doute, de la quête, de ce qui était désespéré ?
Voilà ce qu’il s’est passé ce matin.
Entre deux gorgées de citronnade.
Au cœur d’une Barcelone qui ouvre ses portes aux possibles et à l’impossible.
Et au moment où je sens cette colère. Où j’observe la rencontre alchimique avec cette excitation, je vois la libération. Je vois la justesse. Je vois les freins et la peur. Je vois le possible. Je vois les craintes. Je vois l’étincelle qui donne naissance au brasero. Je vois la Vie qui s’engouffre dans ce qui semblait vierge de toute énergie. Je vois le chemin.
Et tout ça né de la rencontre. Des multiples rencontres avec Guilhem. De nos mots qui se mélangent. De nos avis qui se nourrissent. De la rencontre avec Marta. De celle avec Carmen.
De la beauté des rencontres.
De la robe qui remplace le legging de yoga et des 4000 pas faits pour se rendre au rendez-vous.
De nos déjeuners en tête à tête où nous refaisons le Monde. Où nous refaisons notre Monde.
De ces pauses entre l’écriture de nos arts pour dénouer ce que les mots enchaînés ont laissé émerger. De nos regards qui se croisent et des questions qui se posent.
De la rencontre des Êtres prêts à unir leurs idées et à créer l’alchimie.
Il n’y a que les rencontres qui offrent cette compréhension. Quand je peux me voir à travers tes yeux, tes interrogations, ton prisme.
Quand elle me fait creuser dans cette Vérité ou dans ce mensonge. Lorsqu’ils me font sentir que chacun d’entre-eux vit en moi. Que Marta est moi. Que Carmen est moi. Que Guilhem est moi. Que je suis eux au même instant.
Prenez mes mots et laissez-les poser. Je suis cette Autre qui vous permet aussi de vous voir. Vous êtes ces Autres qui m’offrent le miroir nécessaire à ma propre compréhension.
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La méditation ne nous parle pas de ne pas penser.
La méditation nous parle de savoir observer, prendre de la hauteur et comprendre.
Soyons méditants. Il n’y a rien de plus exquis et délicieux.
Tendrement,
Safia